La société de bronzes d’éclairage, d’électricité et de force des Établissements Guinier avait été reprise après la première guerre mondiale par le bien nommé Pierre Lux. Elle occupait alors les numéros 34 à 40 de la rue de Trévise dans le 9ieme arrondissement de Paris. Une société florissante qui avait installé des succursales à Bordeaux, Nice, Marseille, Lille, Metz, Strasbourg mais aussi à Londres et au Maroc. A la suite d’une augmentation de capital en 1923, la raison sociale fut modifiée en « anciens établissements Guinier » et c’est au début des années 20 que fut créée la marque des « lustres La Chimère » dédiée à la fabrication du luminaire d’art. Cette marque perdurera jusque dans les années 40. Cette grande paire d’appliques en bronze chromé et tulipes en verre moulé pressé signées « La Chimère Paris » (photo 6) fut conçue et commercialisée dans les années 30 par Pierre Lux. Elles mesurent 26,5 cm de hauteur, 20 cm de saillie et pèsent 1,4 kilo chacune. 
 
Les grandes tulipes impressionnent par leur forme longiligne et leur taille, elles mesurent chacune 17cm de hauteur. Leur décor moderne et géométrique à l’esthétique futuriste s’est débarrassé de toute référence florale ou végétale, le verre dépoli est épais et le repolissage sélectif est précis. Comme nombre de ses confrères qui opéraient dans le luminaire, Pierre Lux souhaitait que ses appareils d’éclairage soient dotés de verreries exclusives et signées de sa marque. On observe certains détails sur ces tulipes, comme par exemple les marques du moule, qui indiqueraient qu’elles furent sans doute fabriquées par la Verrerie des Hanots. 
 
Les montures en bronze ont été nickelées puis chromées. Les platines ont des bordures biseautées et affichent un décor géométrique sur toute leur surface. Les deux longs bras recourbés comportent six faces et sont vissés à la platine, les cache-douilles sont à gradins. Lorsqu’on dévisse la barre de maintien placée au dos des appliques on découvre le monogramme « CPF » du bronzier (photo 11). 
 
Le nickelage et le chromage de ces appliques est celui d’origine et demeure en très bon état de conservation avec une légère altération dans la partie supérieure de l’une d’elles. Les tulipes présentent de petites égrenures de surface d’usage et un col « grignoté » pour l’une d’elles. Une barre de maintien au dos des montures permet l’accroche au mur. Elles ont été recâblées avec un fil neuf et sont équipées de douilles en laiton nickelé à baïonnette B22. Elles sont prêtes à être posées et à éclairer.